L’observatoire des poissons migrateurs amphihalins Rhône-Méditerranée

Ce samedi 21 avril, c’est la journée mondiale des poissons migrateurs. Notre association n’a rien encore jamais rien organisé dans ce cadre, malgré un intérêt croissant pour ces espèces indicatrices de l’état des milieux qui sont l’objet de notre association : l’étang de Berre et surtout la Durance. Mais au moins pouvons-nous écrire un article !
La mise en ligne récente de l’Observatoire des poissons migrateurs amphihalins Rhône-Méditerranée nous en donne l’occasion.

L’Observatoire

observatoire migrateurs

Il s’agit d’un site internet qui présente les 3 espèces de poissons migrateurs amphihalins de notre bassin :

mais surtout comprend un observatoire en direct, où les comptages sont mis à jour de manière hebdomadaire.

observatoire migrateurs2

Les chiffres proviennent des organismes maîtres d’ouvrages des stations de suivi, dans le cadre du PLAGEPOMI (Plan de Gestion des Poissons Migrateurs). C’est l’association Migrateurs Rhône Méditerranée (MRM) qui regroupe les données et gère le site de l’observatoire.

On notera qu’un tel observatoire existe aussi dans d’autres bassins, on pourra ainsi comparer notre observatoire à celui de Bretagne par exemple.

Sur l’étang de Berre : le vide des données

On peut constater sur l’observatoire qu’aucun comptage n’est fait sur l’étang de Berre. Il nous semble qu’à une époque où les méthodes de détections acoustiques se développent, il devrait être possible d’en installer dans le canal de Caronte et ainsi repérer le départ des anguilles argentées vers la mer vers septembre (? pour l’arrivée des civelles ce serait sans doute techniquement plus difficile). Mais bon, pour l’instant il n’y a rien.

Les tonnages pêchés n’apparaissent pas non plus. Il nous semble que ce serait utile…. en se souvenant que l’étang de Berre reste un lieu de braconnage supposé intense, notamment pour les anguilles.

Sur la Durance : la passe-piège du barrage de Mallemort

Depuis plusieurs années, le barrage de Mallemort est équipé d’une passe-piège, une rude rampe équipée d’une sorte de gazon synthétique que les civelles sont censées remonter sur une dizaine de mètres

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Cette rampe ne débouche sur rien d’autre qu’un bac, dans lequel on (l’AAPPMA locale semble-t-il, mais à vérifier) doit relever régulièrement les courageuses civelles (avant de les relâcher dans le lac du barrage de Mallemort, peut-on espérer).

Lors de nos visites, cette rampe était sèche. Il y a possibilité de l’humidifier (on voit un tuyau en haut sur la seconde photo) et peut-être l’humidifie-t-on lors des périodes de montaison. Nous ne savons pas. Si la rampe n’est jamais humidifiée, alors les civelles qui remontent sont vraiment courageuses (ce dont nous ne doutons pas!!)

Le 27 avril, après rétablissement de l’accès à l’historique qui était inactif le 21 avril (jour de mise en ligne de l’article), on pouvait voir la courbe suivante pour la passe-piège du barrage de Mallemort:

graphe anguilles capturées à Mallemort avant 2017

Et on avait accès au tableau suivant pour les 3 passes-pièges du bassin du Rhône suivies par MRM:

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On voit que les 3 lieux de comptage semblent avoir dysfonctionné en 2017. Pas d’explication. On essaiera de questionner MRM (où il semble y avoir eu pas mal de mouvement).

Rappels: les obstacles aux migrateurs sur la Durance

Nous ne répéterons jamais assez que sur la Durance:

  • le débit réservé n’est que de 9m/s ce qui n’incite pas forcément les poissons migrateurs qui remontent le Rhône à s’engager dans ce « petit affluent » (qui était jadis gros…).
  • depuis 2006 les débits en aval de Mallemort et jusqu’à la confluence peuvent varier très vite de 9 à 200 m3/s selon les lâchers décidés par EDF au niveau du déversoir de Mallemort (apparemment ces plus gros débits intermittents n’attirent pas davantage les migrateurs !!)

    deversoir Mallemort
    Le déversoir de Mallemort le 22 avril 2018, ouverture maximale à 200 m3/s (au fond à gauche, le barrage de Mallemort et… la Durance à 9 m3/s)
  • l’eau n’est guère oxygénée en été, à cause des 68 seuils construits depuis l’aménagement EDF, qui freinent l’écoulement,
  • les aloses sont arrêtées au seuil de Callet (ci-dessous, et où nous avons organisé notre action Grand Saut 2017 pour une Durance vivante) une aubaine pour les pêcheurs qui se postent là…

    Bebop2_20180422154107+0200
    le seuil de Callet le 22 avril 2018, jour de déversement maximum du déversoir de Mallemort (200 m3/s)
  • Les civelles doivent remonter 4 seuils dont celui de Callet (ci-dessus 4m de dénivelé quand même) avant d’arriver à Mallemort, ce qui explique en partie le faible nombre des civelles prises à Mallemort (l’autre c’est la disparition générale des anguilles européennes…)
    anguille-pêches

Conclusion

Le tout récent Observatoire des Poissons Migrateurs Amphihalins Rhône Méditerranée est un outil encore peu riche mais qui le deviendra si il y a « une demande » et notamment si la fréquentation de ce site est importante. C’est un des buts de cet article.
Le second but de cet article est de rappeler qu’il y a du pain sur la planche pour les amoureux de la Durance (et des rivières en général) avant de retrouver une Durance avec des poissons migrateurs dedans !!!

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